Bouilloire thermique : quelles actions possibles et quelles aides ?

La bouilloire thermique est moins connue que la passoire thermique. Pourtant, elle est tout aussi inconfortable… Comment définir une bouilloire thermique ? Pourquoi il est important de prendre en compte ce phénomène qui est un enjeu de santé publique ? Comment lutter contre l’inconfort estival ? Existe-t-il des aides pour financer les travaux ?

Qu’est-ce qu’une bouilloire thermique ?

C’est un logement qui devient invivable lors des vagues de chaleur. A la base, c’est souvent une passoire thermique en hiver (logements classés F ou G par le DPE – Diagnostic de performance énergétique). Mal isolé, il est difficile à chauffer et très énergivore. En été, son défaut d’isolation en fait une étuve…

Paradoxalement, une bouilloire thermique peut aussi être un logement rénové, mais pour lequel le confort estival n’a pas été pris en compte. Certains isolants, excellents contre le froid, possèdent un déphasage thermique faible et n’isolent donc pas de la chaleur. Le déphasage thermique est le temps, en heure, que met la chaleur pour traverser un matériau. Plus il est long, plus le matériau isole du chaud et inversement.

Les logements situés dans les îlots de chaleur urbaine (ICU), à savoir en zone urbaine dense et peu ou pas végétalisée, sont trop souvent des bouilloires thermiques. De même, les logements situés sous les toits ou dont les parois vitrées sont orientées au sud ou à l’ouest et sans protection solaire efficace (volets, persiennes, etc) subissent de plein fouet les vagues de chaleur.

La lutte contre les bouilloires thermiques : un enjeu de santé publique et économique

De trop fortes chaleurs impactent tout le monde : sommeil perturbé, aggravation des maladies cardiovasculaires et rénales, troubles de la circulation sanguine sont souvent observés en période de canicule.
Les personnes âgées, les personnes malades et les enfants en bas âge sont particulièrement exposés. Les périodes de canicule entraînent trop souvent une surmortalité des plus fragiles…

Utiliser la climatisation pour refroidir un logement surchauffé est tentant, mais coûte cher en énergie électrique et ne fait que renforcer le phénomène des îlots de chaleur (ICU) en renvoyant l’air chaud vers l’extérieur.

Tolérance à la chaleur et température maximale dans les logements

Le confort estival n’a été pris en compte qu’à partir de la Réglementation Environnementale 2020 (RE 2020).

La RE 2020 a déterminé des seuils de température intérieure maximale (sans avoir recours à la climatisation), pour que le logement reste confortable :

• Entre 26° et 28° le jour,
• 26° la nuit.

Elle a également instauré l’indicateur DH (Degré-Heure) qui calcule le nombre d’heures durant lesquelles la température a dépassé le seuil de confort dans un logement :

• Seuil bas 350 DH, environ 1 semaine d’inconfort par an ; le logement est conforme à la RE 2020 et reste confortable.
• Seuil haut 1 250 DH, environ 25 jours d’inconfort par an au-delà duquel le logement n’est pas conforme à la RE 2020.

Comment rénover une bouilloire thermique ?

Tout en tenant compte du confort hivernal, il est important de choisir des matériaux qui protégeront également de la chaleur estivale :

• Choisir des isolants disposant d’un fort déphasage thermique pour limiter, au maximum, l’entrée de la chaleur pendant les heures les plus chaudes de la journée, que ce soit pour les combles ou les murs.
• Privilégier des couleurs claires pour les murs extérieurs. Les couleurs claires absorbent moins la chaleur que les couleurs foncées. L’albédo mesure la capacité d’une surface à réfléchir la lumière solaire. Plus l’albédo est bas (couleur sombre), plus la surface se réchauffe rapidement.
• Installer des protections solaires devant les parois vitrées. Volets, persiennes, pare-soleils, stores sont autant de protections qui limitent l’entrée du rayonnement solaire dans le logement et son réchauffement rapide. Une protection solaire est plus efficace si elle est placée, à l’extérieur, devant le vitrage.
• Choisir des vitrages anti-chaleur. Les vitrages à contrôle solaire réfléchissent de 40
  à 80 % de la chaleur émanent du rayonnement solaire. Ils sont intéressants pour de grandes parois vitrées orientées au sud ou à l’ouest.
• Favoriser la ventilation en installant une VMC double flux, des brasseurs d’air fixes pour limiter l’utilisation de la climatisation.

Quelles sont les aides pour rénover une bouilloire thermique ?

MaPRimeRénov’ et la Prime énergie distribuée dans le cadre des Certificats d’économie d’énergie par les fournisseurs d’énergie sont deux aides pour aider à la rénovation énergétique des logements. Le montant de ces aides dépend du niveau des revenus du demandeur.

• Dans le cadre de MaPrimeRénov’ rénovation globale parcours accompagné, il est devenu possible de financer des brasseurs d’air fixe et des projections solaires de parois vitrées. Par contre, l’installation seule d’un ou de plusieurs de ces équipements ne bénéficie d’aucune aide.
• La Prime énergie, de son côté, permet d’aider au financement d’une PAC (pompe à chaleur) air/air réversible qui pourra chauffer et climatiser le logement.

Ces travaux bénéficient de la TVA à taux réduit (10 ou 5.5 %) et le reste à charge peut être financé par un Eco-PTZ (prêt à taux zéro).

Conclusion

Les différents épisodes de canicule ont fait prendre conscience aux pouvoirs publics que la lutte contre les bouilloires thermiques est aussi importante que celle menée contre les passoires thermiques. La RE 2020 et la réforme de MaPrimeRénov’ en ont tenu compte. Les normes architecturales, notamment en zones protégées, devront elles-aussi s’adapter. Dans tous les cas, il en va du bien-être et de la santé de tous.